mise en scène et scénographie Stephen Shank
assisté de Luis Vergara
lumières Phillippe Nicodème
décors et costumes Thierry Bosquet
confection Costhéa
avec Benoit Verhaert, Laurence d'Amelio, Eric Breton Leveel
production théâtre du méridien
vendredi 2 avril 2010
Saint Julien l'hospitalier
Musiques Nouvelles-Quatuor Tana
Joanne Baillie, Max Savinkagas, Glass
Le quatuor Tana:
Antoine Maisonhaute, Chikako Hosoda, Romain Montfort & Jeanne Maisonhaute
Mons, Chapelle des FUCAM
25/03/2010
photos Isabelle Françaix
Max Savinkagas: Maito
Version française: Lait
Quelque part quelqu'un meurt de faim, quelqu'un d'autre ailleurs se régale d'un luxueux festin. Quel est leur point commun? Si le luxe existe aux dépens des affamés, le profiteur se sent-il automatiquement coupable? Si un sentiment de culpabilité survient, le luxe perd-il sa saveur? Si le profiteur ne fait pas l'expérience de la culpabilité, serait-il insensible? Ne pas ressentir de culpabilité, est-ce être incapable de tout sentiment? Pouvez-vous éprouver de la culpabilité, en souffrir, et le moment venu changer d'émotion sur commande pour festoyer joyeusement aux dépens des autres? Quelqu'un meurt de faim de l'autre côté de l'écran de télévision; quelqu'un d'autre fait bonne chère devant son poste. C'est comme ça! Qui s'en trouve blessé? Celui qui meurt de faim. Les enfants de 10 ans, esclaves dans une fabrique de baskets. Quel rapport avec moi? Qui en profite? Les patrons de la fabrique de baskets? Celui qui s'empiffre en regardant la télé? Le goût de la crème glacée est-il plus intense quand quelque chose à la télé, sans crème ni glace, peut y être comparé ? Si de l'autre côté de l'écran quelqu'un savourait du chocolat, devrais-je déguster le caviar le plus cher pour ressentir le luxe de ma position? Si tout le monde mange du caviar, possède une Mercedes et part en vacances aux Bermudes, aurons-nous un jour la subite révélation qu'une carotte, une crèche pour les enfants et un sauna sont bien suffisants? Dites-le bien fort quand arrive le dernier bol de riz. Si tout le monde avait la télé et du chocolat, le paradis serait-il non seulement ici mais partout? Le désespoir au moins aurait-il totalement disparu? Une personne sans emploi qui est plus intéressée par l'alcool que par les bibliothèques: en quelle mesure est-elle plus heureuse que celle qui meurt de faim? Comment évaluer la différence? Je déprime, non? Revenons à nos moutons. Que se passe-t-il si je décide que la misère de la majorité n'est pas la conséquence de l'opulence de la minorité et que les privilégiés ne festoient pas aux dépens des pauvres, est-ce que je pense encore qu'il faut aider les pauvres? Est-ce que la culpabilité se manifeste? Conduit-elle à l'action? Envers et contre qui? Ou bien est-ce que je choisis la pitié? Peut-être aussi la charité? A moins que cela n'interfère avec mes charges immobilières. La pitié et la charité viennent-elles du malaise que j'éprouve en voyant un être humain tel que moi mourir de faim? Ou bien sont-elles un signe de richesse? Grâce à ma richesse, j'ai le luxe de les éprouver. A cause de ma richesse, j'en ai besoin. Pourquoi? Je me dresse au sommet de la montagne de mes biens, et pour en goûter le doux vertige, je dois regarder en bas, et là, tout au fond de l'abîme, se trouvent certainement des gens qui meurent de faim. Il faut aider les plus démunis; est-ce que je pense cela parce que ça va de soi ou parce que c'est dans mon intérêt, pour éviter d'être confronté plus tard à la révolte et à la colère des pauvres? Est-ce cela, dont j'ai peur? Ou bien ai-je peur que mon indifférence face à ceux qui meurent de faim prouve à quel point mon affection pour mes enfants est superficielle et fausse? C'est ça? Superficielle et fausse par rapport à qui? Par rapport à moi, aux autres ou à mes enfants? Le commandant d'un camp de concentration, pendant son temps libre, ne peut-il pas être un bon père?
(Traduction: Isabelle Françaix)
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